Le circuit du Mont Gosse La Source des Eaux Belles ou Aiguebelle (il y en a 2), située dans le flanc du Petit-Salève, est dotée d’une cascade, abondante au printemps, qui se transforme en un mince filet d’eau puis se tarit l’été venu. Sa soeur jumelle, à 100m plus au nord, étant plus propre et plus régulière, est captée pour alimenter la ville d’Annemasse. Cette source a changé d’orthographe 6 fois au cours de l’histoire. Un restaurant était bâti à cet endroit frais et agréable où des familles s’arrêtaient pour se reposer en faisant une balade au pied du Petit-Salève. Le Salève est une montagne sèche. Les seuls cours d’eau importants de la région sont à sa base: l’Arve, le Viaison, les Usses. Le château d’Etrembières et l’Escalade. Construit au 13e siècle, il fait partie de nombreuses maisons-fortes édifiées par les seigneurs de l’époque pour asseoir leurs positions et prévenir d’éventuelles agressions. Il se trouve à Etrembières, une commune enserrée entre le Salève et la boucle de l’Arve, disposant d’un espace restreint, étiré et « rongé » par la voie ferrée et l’autoroute. Il a été endommagé par les Genevois (et les Bernois) en 1590 et devenu une exploitation agricole au cours du 18e siècle. Dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 décembre 1602, vers 22 heures, les troupes de l’armée savoyarde s’est sont rassemblés au bord de l’Arve, un peu plus bas que le château d’Etrembières, près d’un autre château, situé vers les Eaux Belles, aujourd’hui disparu. Le gros de l’armée, venu d’Annecy et d’ailleurs, a rejoint au pont d’Etrembières les troupes amenées de Bonne sur Menoge par d’Albigny et le Duc de Savoie, Charles-Emmanuel premier. Deux mille soldats en armes, partis à la conquête de la citadelle de Genève longeaient l’Arve puis le Rhône, en passant par la Jonction, pour être couverts par le bruit des eaux et celui des moulins. Au cours de l’après-midi de samedi un cavalier passait à la Porte Neuve et avertissait le garde que quelque chose se préparait. A 19h, Pierre Brasier, citoyen genevois, rapportait que plusieurs personnes étaient arrêtées à Etrembières par les Savoyards. Les 2 avertissements ne sont pas pris au sérieux. Ceci s’explique par le fait que la tension entre les Savoyards et les Genevois durait depuis 20 ans. Pendant cette période les fausses alertes et les incidents étaient nombreux. D’Albigny avait préparé son coup depuis son installation à Chambéry, un an et demi auparavant. Vers 2 h du matin trois (ou quatre) échelles sont mises en place et les 300 hommes d’élite de l’avant-garde montent à l’assaut des murs de 7 mètres entourant la cité. Leur mission est périlleuse: Ils doivent ouvrir la Porte Neuve permettant au gros de la troupe d’entrer dans la ville. Cette avant-garde est composée de la noblesse Savoyarde qui est motivée à conquérir Genève, plus agréable à vivre que leurs châteaux. L’eau dans les fosses au pied des murs n’est pas très profonde, la nuit est brumeuse, froide et sans neige. Le gros de la troupe, composé essentiellement des mercenaires espagnols, napolitains et français, attend à Plainpalais, d’Albigny à sa tête. La population de Genève, forte de 12’000 âmes, dormait paisiblement sauf quelques sentinelles qui gardaient la ville. Jusque là tout se passait bien pour les Savoyards mais une fois sur le glacis de la Treille, cela se gâta. La sentinelle entend du bruit et un soldat voyant des ombres bouger tir. L’alerte est donné à 2h30. Le combat dure 3h. Les assaillants sont repoussés hors des murs. Au petit matin, c’est à la Roche sur Foron que le Duc de Savoie, Charles-Emmanuel premier, attend en vain l’heureuse nouvelle - pour lui - de la prise de Genève. Etouffant de colère, il salua le retour de d’Albigny et des fuyards par ces paroles historiques: « Vous avez fait une belle cacade ! » . Quatre mois après ces evenements, en avril 1603, 70 soldats genevois essaient de prendre le château situé vers les Eaux Belles en l’escaladant avec les échelles enlevées aux savoyards, c’est l’echec. Voir: Jean-Yves Mariotte, Henri Baud, Alain Guerrier: Histoire des communes savoyardes, tome II: le Faucigny, Ed Orvath, 1980, p.112-6, Les châteaux de l’ancien diocèse de Genève par Louis Blondel, 1978, L’escalade par Jean Wüest, 1973 et L’Escalade de Genève de 1602, Genève, 1952, Geisendorf et al. Le mont Gosse se situe à Mornex, un grand village qui fut un lieu de cure très couru grâce à sa situation de micro climat. Le nom Mornex vient de Morne = colline c.-à-d. le mont Gosse. Décrivant Mornex, Henri-Frédéric Amiel nota: « On n’entend que le bruit de la mouche qui bourdonne. Ce calme est saisissant. Le milieu du jour ressemble au milieu de la nuit ». Sur le même sujet voici un passage du poète Gaudy-Le Fort, dont la belle demeure de commerçant enrichi est devenue la mairie d’Onex: « Amis, voilà Mornex! c’est là qu’on se repose, c’est là que chaque jour prend une teinte rose, c’est là que le génie admire et se recueille, qu’à l’album de sa vie on ajoute une feuille... ». De nombreuses personnalités viennent y séjourner pour jouir de la douce quiétude campagnarde, à deux pas de la grande cité de Genève. Richard Wagner y séjourne pendant 2 mois pour soigner son eczéma en l’été de 1856 après avoir composé, son chef d’oeuvre la Walkyrie (les Walkyries étaient des divinités féminines de la mythologie germanique qui accueillaient au paradis les héros morts au combat). John Ruskin, peintre, critique d’art, sociologue et écrivain anglais, séjourne à Mornex en 1862-3. Après 1798, la réunion de Genève à la France ouvre sans entraves le pays du Salève aux habitants de la nouvelle préfecture du Léman. Henri–Albert Gosse, né à Genève en 1753, possède une pharmacie à Longemalle. Les Genevois le rencontrent souvent dans leurs rues, reconnaissant sa traditionnelle houppelande grise, ses cheveux longs et son gourdin de montagnard qu’il tient en main. Les Savoyards qui viennent les jours de marché se servir chez lui, le consultent sur toutes choses. En 1802, le pharmacien Gosse achète une propriété à Mornex qui se situe au sommet d’un éperon boisé qu’un vallon sépare du Petit Salève et qui domine toute la vallée de l’Arve jusqu’à Bonneville. Au sommet de la colline, dans les ruines d’un château, il construit un chalet qui reflète bien ses goûts et dans cet ermitage qu’il appelle « Mon Bonheur » il passe de longs séjours. Son épouse, Louise Agasse, femme cultivée, sensible et patriote, secondée par son frère, assure la bonne marche de l’officine, tandis qu’il se laisse absorber par des préoccupations plus élevées que celle de ses bocaux. En 1812, Gosse qui est un fervent disciple de Jean-Jacques Rousseau, décide d’élever un temple dédié aux « grands hommes », à l’endroit de sa propriété où la vue est la plus étendue et d’où l’on jouit d’un panorama incomparable dont le Mont-Blanc forme le centre. Il place dans ce temple les bustes que lui modèle son fils, des grands naturalistes suisses comme Bonnet ou Haller, mais aussi ceux de Linné, Rousseau ou de Saussure. Depuis quelque temps déjà, il nourrit l’ardent espoir de réunir dans cette retraite, tout ce que la Suisse compte d’illustres naturalistes, afin qu’ils viennent échanger leurs idées et qu’en présence des grands savants, ils puissent « s’électriser ». Pour cela, il se met en rapport avec l’un de ses amis bernois, le pasteur Samuel Wyttenbach, lequel va l’aider à élaborer cette rencontre. Après quelques hésitations dues à la barrière linguistique et un report de date, suite aux enseignements que certains dispensent, la réunion a lieu le 6 octobre 1815. Ce jour-là, une trentaine de savants, dont la moitié est venus de quelques cantons de la confédération et l’autre moitié de Genève, fondent la prestigieuse « Société helvétique des sciences naturelles ». Des statuts sont publiés, lesquels stipulent que tous les membres devront se réunir en ce lieu tous les cinq ans et que chacun devra faire l’objet d’une publication de ses travaux. Peu après, ladite société étend ses effectifs à quelques membres étrangers et compte plus de cinquante adhérents. Vers la fin du 18e siècle ceux qui s’adonnaient à l’étude de la nature étaient principalement des ecclésiastiques, des médecins et des pharmaciens. Henri-Albert Gosse ne se réjouira malheureusement pas longtemps de cette initiative, puisqu’il décédera moins de quatre mois plus tard, le 1er février 1816. Son corps repose à Plainpalais et son coeur, embaumé, placé dans une urne de marbre noir, a été déposé dans sa propriété, sur le mont qui porte désormais son nom. En 1988 la « Société helvétique pour les sciences naturelles » devient « l’Académie suisse des sciences naturelles » dont le Secrétariat est à Berne. Pour voir les photos du circuit, cliquez ici. |
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